Pour lutter contre le terrorisme, la NSA estime ne pouvoir faire autrement
que d’accéder à l’ensemble des communications. De leur côté les défenseurs des
libertés individuelles affirment que la sécurité nationale ne peut pas tout
légitimer, et surtout pas les atteintes à la vie privée, aux données
personnelles, et autoriser la surveillance de tout un chacun sans que ne soient
établies des limites strictement respectées. Dialogue de sourd entre les deux
camps. Les choix d’industriels (Apple,
Google) désireux de proposer des outils de cryptage (pour smartphones,
tablettes), supposés assurer aux utilisateurs une totale confidentialité de
leurs échanges, auront suscité de multiples réactions. Parmi lesquelles celles
de la NSA, qui par la voix de son patron, l’Amiral Michael Rogers, a exprimé sa
position[1] :
il faut que la NSA puisse accéder, lorsque cela est nécessaire, aux
communications et impérativement à celles des mobiles cryptés. Sa position
rejoint celle du directeur du FBI, James Comey[2].
Michael Rogers demande que les moyens pour remplir sa mission lui soient accordés. L’accès aux communications cryptées fait partie de ces moyens. Il faut pour cela que soit défini un cadre juridique précis, auquel la NSA se conformera, comme elle l’a toujours fait jusqu’alors, affirme-t-il : "We fully comply with the law … We do that foreign intelligence mission operating within (a legal) framework"[3].
Si le directeur de la NSA a, à de multiples reprises, exprimé publiquement son attachement au respect du cadre juridique qui contraint son action, rappelons toutefois que ce rapport à la loi ne va pas de soi. Le Président B. Obama lors d’un entretien accordé à BC's Fusion network[4] en octobre 2013 réaffirmait la nécessité de contrôler davantage l’action de l’agence : "We give them policy direction," Obama said. "But what we've seen over the last several years is their capacities continue to develop and expand, and that's why I'm initiating now a review to make sure that what they're able to do, doesn't necessarily mean what they should be doing."
Au travers des multiples débats impliquant l’agence de renseignement, plusieurs questions doivent être analysées (mais il y en a d’autres…) :
- Le rapport de la NSA au droit (quel cadre, quel respect, quel contrôle de la conformité, quel respect des valeurs…)
- Le rapport de la NSA au pouvoir politique
- Le rapport de la NSA à l’industrie
- La résolution du dilemme qui semble opposer sécurité et droits fondamentaux. Y a-t-il un équilibre optimum ? Toute concession en faveur des droits fondamentaux se traduit-elle nécessairement par une réduction de la sécurité ?
- La perception qu’ont les citoyens (entreprises, élus, pouvoir politique, etc.) du renseignement et dont dépendent, d’une certaine manière, les capacités d’action des agences.
[1] http://securityaffairs.co/wordpress/34071/intelligence/nsa-director-rogers-legal-framework.html
[2] http://www.presstv.ir/Detail/2015/02/24/398934/NSA-defends-access-to-encrypted-devices
[3] http://www.globalpost.com/dispatch/news/afp/150223/nsa-chief-seeks-compromise-encrypted-phone-snooping
[4] http://www.reuters.com/article/2013/10/28/us-usa-security-idUSBRE99Q07E20131028
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