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Thursday, February 26, 2015

Les faiblesses de l’armée chinoise

La RAND Corporation vient de publier un long rapport (184 pages) portant sur les faiblesses de l’armée chinoise (China’s incomplete military transformation. Assessing the weaknesses of the People’s Liberation Army. Février 2015).
La « faiblesse » militaire (military weakness) y est définie (p.2) comme l’impossibilité totale de remplir une mission ; le risque élevé d’échec d’une mission ; toute inefficacité susceptible de dégrader les résultats attendus d’une mission.  
Le rapport propose tout d’abord un regard sur le processus de modernisation engagé dans les années 1990 et programmé jusqu’en 2025 ; puis s’intéresse aux missions de l’armée ; se focalise sur les faiblesses organisationnelles, en termes de ressources humaines, en termes de capacités de combat ; et enfin s'intéresse aux faiblesses de son industrie de défense.

Il est question du cyberespace (p.114-119) dans le chapitre consacré aux faiblesses capacitaires. Les domaines y sont traités un à un (terre, mer, air, nucléaire, espace, cyber et électromagnétique). La Chine a lancé ces dernières années de nombreux satellites, renforçant ainsi ses capacités ISR, navigation, positionnement, communications. Pour protéger ces capacités satellitaires, la Chne déploie aussi des moyens de défense spécifiques. L’armée développe également d’importants moyens de guerre électronique (radio, radar, infrarouge, optique, informatique, systèmes de communication). Les capacités cyber pour le combat sont au cœur de cette politique de développement capacitaire (collecte d’information,  perturber l’action de l’adversaire, multiplicateur de force). Mais si le développement des capacités offensives semble suivre une courbe ascendante, il n’en va pas de même des capacités de protection des intérêts chinois dans les domaines spatiaux et électro-magnétiques, qui resteraient relativement vulnérables. Les études chinoises s’inquiètent de la dépendance croissante aux systèmes spatiaux (satellites) et retiennent que dans ce domaine l’offensive prime sur la défense. Les questions cyber sont englobées dans les considérations sur l’usage du spectre électromagnétique : la Chine se définit dans ce domaine comme vulnérable. Les faiblesses ne procèdent pas seulement des obstacles techniques, technologiques, qu’il faut surmonter pour mettre en œuvre des systèmes C4ISR, mais aussi des procédures (faible coordination entre les agences de renseignement, les opérationnels et les décideurs au plus haut niveau). Soulignons que ces constats, formulés par les auteurs du rapport, s’appuient principalement sur des publications chinoises, ce qui oblige à relativiser l’analyse. Les quelques lignes dédiées au cyberespace restent assez générales dans leur propos, et nous ne voyons là rien de véritablement spécifique aux forces chinoises. Le rapport souligne, pour terminer ce chapitre (p.117), l’absence de considération, par les analystes chinois, de la problématique des effets non intentionnels et des risques d’escalade non maîtrisés. Les analystes chinois auraient tendance à insister sur les avantages, sur les aspects positifs des gains de la guerre de l’information, mais à ignorer ses limites et ses risques. 

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