Le Heat Index est un indice produit par une équipe de la Johns Hopkins University. L’objectif de cet indice est d’évaluer la probabilité d’occurrence de futurs cyber conflits. L’indice est basé sur un ensemble de variables (capacités cyber des Etats, vulnérabilités, motivations, etc.) dont le traitement est supposé fournir une photographie, à l’instant t, de la situation internationale et du risque de cyberconflit. Si cette grille de lecture est intéressante, l’entreprise n’en reste pas moins discutable sur quelques points.
La base ne s’intéresse qu’à des
conflits impliquant deux belligérants : Russie versus Ukraine, Chine
versus Inde, etc. C’est d’ailleurs
un choix assumé : “Cyber attacks by one country against another are a
recurring feature of 21st Century geopolitics”. Mais c’est aussi un
choix discutable. Les cyberconflits sont-ils voués à n’être que bilatéraux ?
Sans doute non.
Le baromètre proposé n’offre
guère de surprises, en termes d’informations. Arrivent en effet en tête du
classement des cyber affrontements entre Russie et Ukraine, Chine et Inde, etc.
Autant de scénarios connus. L’indice, en traitant des informations open-source,
ne permet pas d’isoler de potentiels conflits jusqu’alors ignorés.
Le classement permet d’établit
deux listes : celle des agresseurs (aggressors), celle des pays agressés
(defenders). Le périmètre des agresseurs comprend : Russie, Chine, Israël,
Etats-Unis, Corée du Nord, UK, Iran, Turquie, Inde, Egypte, Pakistan, Grèce.
Celui des « agressés » comprend Ukraine, Inde, Iran, USA, Russie,
Taïwan, Palestine, Japon, UK, Corée du Sud, Australie, Canada, Israël, Grèce,
Népal, Ethiopie, Pakistan, Turquie. Mais
un nombre significatif de pays sont ainsi à la fois agresseurs et agressés. En
reportant toutes les données dans une carte (voir l'illustration ci-dessous dans laquelle nous reportons les pays qui dans le baromètre apparaîssent comme agresseurs, défenseurs, mais aussi à la fois agresseurs et défenseurs), nous visualisons le monde des cyberconflits, en cours ou potentiels. On observe immédiatement que la planète
serait coupée en deux univers, car le cyberconflit paraît épargner toute l’Amérique
du Sud et l’Amérique centrale, pratiquement tout le continent africain, sans
parler de l’Europe (!) et de l’Asie du Sud. Toute cette partie du monde serait
donc vraiment épargnée par les cyberconflits, plus pacifique, moins
belliqueuse, moins exposée à ce type d’affrontement ? Les trous dans la
carte sont plus sûrement justifiables par la nature des données qui sont
exploitées pour produire le baromètre.