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Friday, January 14, 2022

The Heat Index, baromètre des cyberconflits

Le Heat Index est un indice produit par une équipe de la Johns Hopkins University. L’objectif de cet indice est d’évaluer la probabilité d’occurrence de futurs cyber conflits. L’indice est basé sur un ensemble de variables (capacités cyber des Etats, vulnérabilités, motivations, etc.) dont le traitement est supposé fournir une photographie, à l’instant t, de la situation internationale et du risque de cyberconflit. Si cette grille de lecture est intéressante, l’entreprise n’en reste pas moins discutable sur quelques points.

La base ne s’intéresse qu’à des conflits impliquant deux belligérants : Russie versus Ukraine, Chine versus Inde, etc. C’est d’ailleurs un choix assumé : “Cyber attacks by one country against another are a recurring feature of 21st Century geopolitics”. Mais c’est aussi un choix discutable. Les cyberconflits sont-ils voués à n’être que bilatéraux ? Sans doute non.

Le baromètre proposé n’offre guère de surprises, en termes d’informations. Arrivent en effet en tête du classement des cyber affrontements entre Russie et Ukraine, Chine et Inde, etc. Autant de scénarios connus. L’indice, en traitant des informations open-source, ne permet pas d’isoler de potentiels conflits jusqu’alors ignorés.

Le classement permet d’établit deux listes : celle des agresseurs (aggressors), celle des pays agressés (defenders). Le périmètre des agresseurs comprend : Russie, Chine, Israël, Etats-Unis, Corée du Nord, UK, Iran, Turquie, Inde, Egypte, Pakistan, Grèce. Celui des « agressés » comprend Ukraine, Inde, Iran, USA, Russie, Taïwan, Palestine, Japon, UK, Corée du Sud, Australie, Canada, Israël, Grèce, Népal, Ethiopie, Pakistan, Turquie.  Mais un nombre significatif de pays sont ainsi à la fois agresseurs et agressés. En reportant toutes les données dans une carte (voir l'illustration ci-dessous dans laquelle nous reportons les pays qui dans le baromètre apparaîssent comme agresseurs, défenseurs, mais aussi à la fois agresseurs et défenseurs), nous visualisons le monde des cyberconflits, en cours ou potentiels. On observe immédiatement que la planète serait coupée en deux univers, car le cyberconflit paraît épargner toute l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale, pratiquement tout le continent africain, sans parler de l’Europe (!) et de l’Asie du Sud. Toute cette partie du monde serait donc vraiment épargnée par les cyberconflits, plus pacifique, moins belliqueuse, moins exposée à ce type d’affrontement ? Les trous dans la carte sont plus sûrement justifiables par la nature des données qui sont exploitées pour produire le baromètre.    

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