La « faiblesse » militaire
(military weakness) y est définie (p.2) comme l’impossibilité totale de
remplir une mission ; le risque élevé d’échec d’une mission ; toute
inefficacité susceptible de dégrader les résultats attendus d’une mission.
Le rapport propose tout d’abord
un regard sur le processus de modernisation engagé dans les années 1990 et
programmé jusqu’en 2025 ; puis s’intéresse aux missions de l’armée ; se focalise sur les faiblesses organisationnelles, en termes de ressources
humaines, en termes de capacités de combat ; et enfin s'intéresse aux faiblesses de
son industrie de défense.
Il est question du cyberespace (p.114-119)
dans le chapitre consacré aux faiblesses capacitaires. Les domaines y sont
traités un à un (terre, mer, air, nucléaire, espace, cyber et
électromagnétique). La Chine a lancé ces dernières années de nombreux
satellites, renforçant ainsi ses capacités ISR, navigation, positionnement,
communications. Pour protéger ces capacités satellitaires, la Chne déploie
aussi des moyens de défense spécifiques. L’armée développe également d’importants
moyens de guerre électronique (radio, radar, infrarouge, optique, informatique,
systèmes de communication). Les capacités cyber pour le combat sont au cœur de
cette politique de développement capacitaire (collecte d’information, perturber l’action de l’adversaire,
multiplicateur de force). Mais si le développement des capacités offensives semble suivre une
courbe ascendante, il n’en va pas de même des capacités de protection des intérêts
chinois dans les domaines spatiaux et électro-magnétiques, qui resteraient relativement vulnérables. Les études chinoises s’inquiètent de la dépendance
croissante aux systèmes spatiaux (satellites) et retiennent que dans ce domaine
l’offensive prime sur la défense. Les questions cyber sont englobées dans les
considérations sur l’usage du spectre électromagnétique : la Chine se
définit dans ce domaine comme vulnérable. Les faiblesses ne procèdent pas
seulement des obstacles techniques, technologiques, qu’il faut surmonter pour
mettre en œuvre des systèmes C4ISR, mais aussi des procédures (faible
coordination entre les agences de renseignement, les opérationnels et les
décideurs au plus haut niveau). Soulignons que ces constats, formulés par les
auteurs du rapport, s’appuient principalement sur des publications chinoises,
ce qui oblige à relativiser l’analyse. Les quelques lignes dédiées au
cyberespace restent assez générales dans leur propos, et nous ne voyons là rien
de véritablement spécifique aux forces chinoises. Le rapport souligne, pour
terminer ce chapitre (p.117), l’absence de considération, par les analystes
chinois, de la problématique des effets non intentionnels et des risques d’escalade
non maîtrisés. Les analystes chinois auraient tendance à insister sur les
avantages, sur les aspects positifs des gains de la guerre de l’information,
mais à ignorer ses limites et ses risques.