La zone grise désigne ce moment au cours duquel des Etats s’affrontent sans être pour autant en guerre ouverte. C’est une intersection : on est en temps de paix, mais une paix parasitée par certains aspects de la guerre. La « zone grise » est une situation périlleuse, de tension, celle d’un équilibre qui à tout moment pourrait basculer dans la guerre. L’affrontement dans la zone grise (gray zone warfare) est l’“activity that is coercive and aggressive in nature, but that is deliberately designed to remain below the threshold of conventional military conflict and open interstate war”(1). Tout y est donc question de mesure, d’appréciation, l’enjeu étant de ne pas dépasser les limites de ce que l’autre, l’adversaire, est supposé pouvoir supporter sans sortir de cette zone. Celle-ci est une possibilité pour les Etats qui veulent remettre en question les équilibres internationaux mais qui sont freinés dans leurs velléités militaires, par exemple par la dissuasion nucléaire, l’interdépendance économique ou la supériorité militaire de l’adversaire. Il leur faut donc choisir un autre terrain, d’autres stratégies. C’est de cette « zone grise » dont traitent Joseph Tomczak, Nicholas Torroll et Bedri Kaloshi dans un article récemment publié dans la revue Journal of Info-Pacific Affairs (Fall 2021) (2), en s’intéressant plus particulièrement à la confrontation sino-américaine dans cette zone. Selon les auteurs de l'article, c’est en exploitant conjointement la puissance aérienne, spatiale et celle du cyberespace que les Etats-Unis pourront maintenir le statu-quo dans la région indo-pacifique.
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