Les citoyens sont fichés de
mille et une manières, que ce soit par l’administration ou le secteur privé.
Pour chaque individu, des données sont créées avant même sa venue au monde, et
le processus le poursuit tout au long de sa vie et au-delà. Pourtant, toutes ces données sont très vulnérables.
Les bases de données, fussent-elles créées et
gérées par les Etats (ou leurs prestataires) ne sont pas
des forteresses inattaquables. Les bases de données sont des objets extrêmement
fragiles, vulnérables aux cyberattaques, aux vols, à la copie, à l’altération
des données, au sabotage. Les exemples peuvent être cités, par centaines, d’atteintes
aux bases de données un peu partout dans le monde. Les plus volumineuses des bases,
qui regroupent les données de millions de citoyens, ne sont pas nécessairement
les mieux sécurisées :
- En 2006, l’administration américaine des
vétérans a vu les données de 26 millions de citoyens exposées suite à un vol d’ordinateur
- Au Royaume-Uni, en 2007, l’HM Revenue and
Customs Department a perdu des supports contenant les données de 25
millions de personnes bénéficiant d’aides sociales
- En 2012, la police de Manchester perd une clef
usb contenant les données personnelles d’un millier de témoins impliqués dans
des enquêtes criminelles
- Les systèmes du gouvernement américain ont subi
des attaques se soldant par le « vol » de données de plus de 21
millions de citoyens du pays. L’affaire a été révélée en juillet 2015. Les
données volées concernaient les citoyens ayant travaillé pour l’Etat. Les
données contenaient numéros de sécurité sociale, adresses, noms, historiques
médicaux et financiers, etc.
- En février 2016, des hackers
piratent les bases de données de l’administration américaine et divulguent les
données de 10 000 employés du DHS, puis celles de 20000 employés du FBI
Tous les secteurs sont concernés
par les vols et pertes de données : banques, industries, éducation, santé,
police, défense, secteurs sensibles… Car
tous les systèmes, toutes les organisations, ont leurs failles (techniques, humaines).
A la lumière de cette seule brève énumération d’incidents, ne semblerait-il pas plutôt recommandé d’opter pour d’autres
stratégies que la mise en fiches de populations entières ? Et de lui préférer
a contrario une segmentation des données, une réduction des volumes des bases,
du nombre de données collectées et regroupées ?